Le RN et LFI minimisent les conséquences d’un renversement du gouvernement. Et la question est : ont-ils raison ? Eh bien, la réponse est : oui. Mais seulement sur le papier. Et à condition de préciser que cela dépend de ce que l’on appelle « dédramatiser ».
Oui, il existe des procédures, en cas de censure du Budget (de la Sécu ou de l’État) de Michel Barnier, pour que le 1er janvier, les fonctionnaires soient encore payés et que les cartes Vitale fonctionnent encore. On les a déjà décrites ici. Loi spéciale, ordonnances, décrets… Il y a plusieurs scénarios. Mais attention, une condition est indispensable : qu’un nouveau gouvernement soit nommé très vite pour que la procédure exceptionnelle aboutisse avant le 31 décembre.
Et puis, il y a l’autre question : une crise financière est-elle possible ? Hier soir sur TF1, Michel Barnier en a agité la menace. Il a intérêt à le dire. Mais est-ce vrai ou une « fake news », comme l’accuse Marine Le Pen ? Là encore, le plus probable est qu’il n’y aurait pas de crise financière. Mais voilà, le plus probable ne veut plus dire que c’est exclu. On passe des certitudes aux probabilités. C’est différent.
Les crises financières, on n’en connaît jamais l’étincelle. A partir de quand le cirque politique rend-il chèvre les marchés financiers ? Mystère.
Que disent les marchés financiers ?
Pour l’instant, ils n’aboient pas. Ils ne parlent pas. Ils susurrent. Il faut donc tendre l’oreille. Mais ce que l’on entend et voit, c’est un glissement. Hier, la prime de risque associée à la dette française a fini la journée au plus haut depuis 2012. C’est l’écart entre les taux d’intérêt français et allemands.
Plus parlant : le taux d’intérêt sur les obligations d’État françaises à dix ans était à 3,05%. Le taux grec : 3,07%. Deux dixièmes d’écart. Inédit. Après être passé au-dessus des taux portugais puis espagnols, nous voilà au niveau des taux grecs. Plus haut, il n’y a plus que les italiens.
La chance : ça ne se voit pas trop parce que les taux ont globalement tendance à baisser avec la désinflation. Mais on peut dire que la situation économique et financière de la France créée pour elle une perte de chance. L’argent est plus cher que s’il n’y avait pas eu la dissolution et ce qui l’a suivi. On ne manquera pas d’argent, mais il faut payer.
Et les marchés boursiers ?
La Bourse de Paris a reculé de 5% en trois mois, un peu plus que les autres places européennes – lesquelles places sont moroses alors que Wall Street, aux Etats-Unis est dans le vert vif.
Vous l’avez compris, j’aurais pu tenir cette chronique en une phrase : crise improbable, pas à 100% impossible.
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