Rassegna letteraria: tre fumetti per celebrare la fiera del libro e della stampa giovanile di Montreuil

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A la veille de l’ouverture du Salon du Livre et de la Presse Jeunesse de Montreuil, c’est la littérature jeunesse qui est à l’honneur du débat critique aujourd’hui ! Avec trois livres, choisis parmi les finalistes des “Pépites 2024” : JeanJambe et le Mystère des profondeurs de Matthias Picard, Cinéma Paradis de Julien Magnani et Hey Djo ! de Marzena Sowa et Geoffrey Delinte.

“JeanJambe et le Mystère des profondeurs” de Matthias Picard

Une corde affleure à la surface de l’eau. Sur son canot, un être, qui semble découpé dans ce même fil, s’en saisit pour voir où ça le mène : sur une île. Il accoste. Puisque, suivant ce fil d’Ariane, il enjambe rochers et crevasses, appelons-le JeanJambe. Explorant les gouffres calcaires, dévalant les parois en cristal, JeanJambe affronte chauves-souris et éclairs, impressionné et fasciné par tant de merveilles. Quel spectacle !

Après les aventures du scaphandrier Jim Curious sous l’océan et dans la jungle, Matthias Picard nous offre une nouvelle splendide aventure en 3D – cette fois en photographiant les sublimes paysages cachés sous nos pieds.

Les avis des critiques

  • Victor Macé De Lépinay : “J’ai été fasciné et émerveillé par cet album. La 3D est très simple, très artisanale, mais on perçoit vraiment plusieurs profondeurs dans les images. Il y a du jeu sur les textures et les matières. Je connaissais déjà un peu le travail de Matthias Picard avec l’orinisme de Jim Curious et j’ai encore bien apprécié Jeanjambe. Cependant, je crois qu’il m’a tout de même manqué un peu d’épaisseur au personnage de Jeanjambe pour mieux ressentir ses émotions.”
  • Mathilde Wagram : “C’est un album que j’ai adoré. Matthias Picard continue son travail commencé sur ses anciennes séries, avec la 3D. Et pour la première fois, je me suis découverte des émotions face à une œuvre en 3D. Ce qui est aussi fascinant c’est que cet album nous pousse à nous mettre dans un état de pure exploration visuelle. Il nous donne envie de toucher les pages, d’y plonger. À mesure que le récit se déploie, Jeanjambe nous emmène dans la fabrication de son récit jusqu’à l’envers du décor. La magnificence sensorielle m’a beaucoup émue. Et puis y a une dimension ludique agréable dans l’aspect artisanal de l’ouvrage.”

L’album a paru chez 2024 Editions.

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“Cinéma Paradis” de Julien Magnani

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Planche extraite de “Cinéma Paradis” de Julien Magnani, 2024
[–>– © Julien Magnani – Magnani Editions 2024

Cinéma paradis raconte l’histoire de Sonny, un pré‑adolescent vivant à Los Angeles, peut-être de nos jours, avec un père célibataire « Old Pete » qui travaille comme bucheron dans la forêt de Ghostwood. Sonny fréquente le vieux cinéma de son quartier, le cinéma Paradis, en faillite et qui va bientôt fermer ses portes. Un jour lors d’une séance ultime du film « Le Trésor de Xanadu », le méchant – le chien Bob Rosso – surgit de l’écran et s’enfuit dans Los Angeles. C’est alors qu’un gigantesque incendie se propage dans Ghostwood et mobilise tous les pompiers, volontaires et bucherons (dont le père de Sonny) pour lutter contre le feu avant qu’il n’atteigne la Cité des Anges…

Julien Magnani signe ici une nouvelle fiction, réalisée à la peinture à l’huile, en référence à la période 1970-1980 du livre illustré pour la jeunesse. Pour Cinéma Paradis, l’auteur croise son imaginaire entre Sherlock Junior de Buster Keaton et E.T. de Steven Spielberg.

Les avis des critiques

  • Victor Macé De Lépinay : “J’ai beaucoup aimé ce livre qui met en scène la solitude de ses personnages. Julien Magnani est un auteur-éditeur, un cinéphile averti et passionné et il nous fait là un album hommage au cinéma. Les dessins à la gouache ou au pastel gras sont très beaux, les couleurs sont flamboyantes, presque fauves ; et le récit est raconté avec subtilité. De plus, j’ai trouvé intéressante cette projection que l’on peut faire dans l’histoire de l’idée d’une masculinité en crise, évoquée en filigrane, mais sans y porter de jugement.”
  • Mathilde Wagram : “L’album se finit sur cette idée très nostalgique des mondes qui disparaissent. Les techniques de peinture sont magnifiques avec des paquets de peinture en relief çà et là. Mais ce qui beau également, c’est que cet album porte aussi sur les angoisses qu’un enfant peut avoir face à la réalité de ses parents. Le chien qui surgit de l’écran est très finement utilisé. Julien Magnani joue beaucoup avec le vocabulaire du cinéma, le champ/contre-champ. J’ai beaucoup apprécié cette idée d’utiliser un art pour rendre hommage à un autre art. C’est un livre pour tous les âges.”

L’album à paru chez Magnani Editions.

“Hey Djo !” de Marzena Sowa et Geoffrey Delinte

Ce sont les grandes vacances pour Djo. À 13 ans, il serait bien resté dans sa chambre à jouer aux jeux vidéo, mais il est contraint de suivre son père, camionneur, sur les routes de . Pas vraiment l’été rêvé ! Alors que les paysages défilent, Djo fait face aux aléas du voyage, entre rencontres incongrues, tensions familiales et découverte du premier amour… Peu à peu, il savoure l’expérience inédite, le goût de l’aventure et de la liberté. Un road trip intimiste, tendre et bourré d’humour, qui touche au cœur tant il dit justement le lien père-fils et le grand basculement qu’est l’adolescence.

Les avis des critiques

  • Victor Macé De Lépinay : “Le dessin est très doux tout en lignes et en aplats de couleurs. La scénariste sait très bien découper et raconter ses histoires avec subtilité. D’ailleurs, pour moi, l’une des réussites de ce livre est là. Dans le récit sont montrés des réalités sociales très dures, certes, mais peut-être n’est-ce-pas le sujet du livre ? Hey Djo ! n’est pas une BD documentaire, alors les auteurs ont assumé l’aspect fictionnel de l’ouvrage et je trouve le résultat très beau. On y découvre tout de même des choses sur l’univers des camionneurs, mais toujours au service du récit et de la relation père-fils. Ce livre est un objet très sensible que l’on peut faire lire à ses ados pour lancer des discussions.”
  • Mathilde Wagram :C’est un album qui m’a laissé un peu ambivalente. Cette idée de décrire l’univers méconnu des routiers pour y tisser la relation entre un père et son fils m’a rendue très curieuse. Les dessins de Geoffrey Delinte sont fins avec une ligne très claire et des couleurs inventives. Mais je trouve la tonalité du récit un peu aseptisée, alors qu’elle décrit pourtant des réalités sociales extrêmement dures. Le récit conserve une sorte de tendresse, quelque chose d’euphémisé qui sonne faux. Je trouve ça dommage.”

L’album a paru chez Gallimard Bande Dessinée.

Extraits sonores

  • Chanson Dancing in the Dark de Bruce Springsteen, tirée de l’labum Born in the U.S.A. de 1984
  • Chanson Hey Joe de Jimi Hendrix – 1967

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