Les forêts sont-elles en bonne santé ? Perdent-elles en superficie, en diversité ? Quel impact leur évolution a-t-elle sur l’homme ? L’IGN, vigie de la forêt et producteur de statistiques forestières nationales, publie les résultats de l’inventaire forestier national (IFN, campagnes annuelles de mesure 2019-2023). Cet état des lieux permet une meilleure connaissance et un meilleur suivi des forêts françaises, publiques et privées, de plus en plus affectées par le changement climatique. Il est réalisé depuis les années 1960, par un travail de relevés permanent, un inventaire des arbres, des sols, des plantes, des habitats forestiers grâce à une cinquantaine d’agents partout en France.
En 20 ans, les forêts ont gagné 800.000 hectares en Occitanie
Et nos départements de l’ex Midi-Pyrénées sont eux aussi passés à la loupe – même si la zone des coteaux de la Garonne entre Bordeaux et Toulouse n’est pas très boisée, le Gers non plus. Et ô surprise pour les néophytes que nous sommes, nos forêts ne perdent pas en superficie, au contraire. En une quarantaine d’années, en Occitanie, on a gagné près de 800.000 hectares, de 2 millions d’hectares dans les années 1980 à 2,8 millions en 2024, soit quasiment l’équivalent de la superficie de l’Aveyron toute entière ou de 68 fois la taille de Toulouse. Comment est-ce possible ?
Nathalie Derrière, la cheffe du département des résultats d’inventaire à l’IGN détaille “la forêt gagne en superficie en raison de l’abandon des terres agricoles, du reboisement naturel ou du reboisement fait par l’homme. L’évolution naturelle des terrains va vers une forêt, vers un boisement, il y a d’abord différentes plantes qui s’installent, des broussailles puis certaines essences pionnières et ensuite on passe d’un terrain agricole à une friche et petit à petit, il y a une de plus en plus dense“.
Mortalité en hausse et arbres en stress
En revanche, les forêts ne se portent pas bien. “La mortalité des arbres augmente significativement. En l’espace de dix ans, on a deux fois plus d’arbres morts que ce qu’on avait avant. On remarque également que les arbres sont de plus en plus altérés, ils ont moins de feuilles, manquent de ramifications. C’est un signe de souffrance”. En Occitanie, le châtaignier est particulièrement touché, un sur trois est en mauvais état.
Il faut entre 50 et 100 ans pour construire une forêt, l’inventaire est donc là pour observer, décrire et donner des éléments aux ministères, aux gestionnaires et à la filière bois qui veut savoir si dans 30 ans par exemple les scieries implantées en Ariège auront toujours de l’épicéa à scier ou si il faudra aller le chercher plus loin ou passer à autre chose.