Ce week-end, comme il essaie de le faire régulièrement, Mathias, aux côtés de son père, participait à une action de prévention aux gestes dangereux dans les écoles de rugby du Pays Basque. À chaque fois, il y raconte son histoire. Une démarche devenue vitale, nous confie-t-il par téléphone entre deux sessions : “Ces choses-là me permettent de continuer à faire des activités, à me sentir utile, à servir à quelque chose“.
Mathias Dantin est tétraplégique depuis un violent plaquage commis par un autre rugbyman, âgé de 19 ans, lors d’une compétition scolaire. Celui-ci est jugé à partir de ce mardi devant le tribunal correctionnel de Tarbes. Un procès rare qui met au cœur des débats la sécurité des joueurs de rugby.
“On vit autour de Mathias, seulement pour Mathias”
Pour Mathias, le quotidien a été bouleversé. Non seulement pour lui, qui vit désormais en fauteuil roulant, mais aussi pour ses parents : sa mère ne travaille plus depuis sa sortie de l’hôpital. Jérôme, son père, a cessé son activité il y a un an : “Ce geste a bouleversé toute la vie d’une famille“, déplore-t-il. “Aujourd’hui, Mathias a besoin d’une personne 24 heures sur 24. Que ce soit pour des problèmes urinaires, mais aussi pour des gestes quotidiens que Mathias ne peut plus effectuer. On vit autour de Mathias, seulement pour Mathias“.
Alors pour eux, ce procès doit être une reconnaissance de leur statut de victime : “Le procès, je l’aborde la boule au ventre“, confie Jérôme, “avec la peur, la peur de ne pas être entendus. Aujourd’hui, il n’y a aucun responsable. On voudrait qu’il sache réellement ce qu’il a fait“, dit-il à propos du jeune homme qui est jugé. “On n’attend pas de grosses sanctions, mais un jour il sera père. Et s’il a un fils qui veut jouer au rugby, qu’il se dise, quand il va emmener son fils sur le stade, pourvu qu’il ne rencontre pas un abruti comme moi“. Depuis deux ans, ils n’ont eu aucun contact, ni aucun mot échangé, avec l’auteur du plaquage.
