Amir Eid, voce sensibile della gioventù araba

C’est une chanson toute simple, sur un air de valse à la guitare acoustique. La mélodie de Telk Qadeya (« Ceci est une cause ») était sur toutes les lèvres cette année, du Maghreb au Liban. Sortie il y a un an, alors que le Proche Orient était plongé dans la tragédie de l’après 7 octobre, la chanson du groupe égyptien Cairokee est devenu l’hymne officieux de la jeunesse arabe en soutien à Gaza. La guerre n’y est jamais citée nommément, mais le public a bien compris de quoi voulait parler le chanteur Amir Eid, qui entendait dénoncer avec ce texte le silence coupable des Occidentaux.

Tout au long de 2024, Cairokee, a pris une dimension nouvelle avec l’immense succès de Telk Qadeya. Ce succès viral a d’ailleurs parfois échappé à ses créateur, comme en septembre lorsque les Brigades Al-Qassam, branche armée du Hamas, ont diffusé une vidéo de propagande qui utilisait Telk Qadeya en guise de bande-son, sans que le groupe ait été consulté.

Ce coup de projecteur marque une nouvelle étape dans la carrière de Cairokee. Voilà déjà vingt ans qu’ils occupent une place prépondérante sur la scène musicale du Caire. En 2011, au moment de la révolution place Tahrir qui conduira à la chute d’Hosni Moubarak, ils signent la bande-son de la contestation, notamment avec ce titre en duo avec la chanteuse traditionnelle Aida El Ayouby :

Deux ans plus tard en 2013, Cairokee donneront un concert historique au Caire devant des centaines de milliers de spectateurs, au moment du coup d’Etat contre les Frères Musulmans, chassés du pouvoir par la pression populaire. Des témoignages vidéo de ce moment circulent sur le net.

En parallèle de son activité à la tête de Cairokee – des concerts en Tunisie, en Egypte ou au Liban – Amir Eid a multiplié les projets cette année. Il y a d’abord eu cette série télévisée dont il est l’acteur principal : Rivo, déjà deux saisons à son actif. Une fiction qui raconte l’ascension d’un groupe de rock dans une grande ville du Maghreb. Toute ressemblance avec la trajectoire de Cairokee est évidemment voulue.

Et comme si cela ne suffisait pas, Amir Eid a aussi lancé son projet solo, Roxi. Le registre est un peu différent de Cairokee, plus intimiste et personnel. Des textes qui racontent pas à pas toutes les étapes d’une histoire d’amour. Ses sonorités nocturnes et électroniques, ont résonné partout en 2024 dans le monde arabe, dans les clubs et les taxis du Caire jusqu’à Casablanca.