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Votez ci-dessous pour votre version préférée de la Symphonie n°5 de Mahler et tentez de gagner le disque France Musique de la semaine en justifiant votre choix. Les commentaires des gagnants seront lus à l’antenne par Jérémie Rousseau la semaine suivante.
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Le compte rendu de Jérémie Rousseau
Seules ont été prises en compte les versions des 30 dernières années.
Ça brille, c’est grandiose, il y a tout le confort moderne. Pourtant, l’éclat ne fait pas l’urgence, et pudeur ne signifie pas passivité. L’Orchestre symphonique de Montréal et Rafael Payare ne caractérisent pas assez cette Cinquième.
Mariss Jansons fait souffler la menace du cataclysme dans une marche emplie de fatalité. Mais la sobriété et la conduite très droite préviennent de tout danger réel, et bien des idées, une fois lancées, ne vont pas jusqu’au bout.
Le solo de trompette glace, dans une Marche funèbre où les silences fixent des teintes crues ; la lecture lisible et respectueuse d’Osmo Vänskä tient l’auditeur à distance, dans un refus de toute lamentation. Ce que confirme un Adagietto parfait dans ses dosages et ses dynamiques, mais plus passif que mélancolique, avec des cordes comme muselées.
C’est l’enterrement d’un roi, admire un tribun, découvrant le Mahler d’une tristesse abyssale de Jonathan Nott et sa noble retenue. Vraie sonnerie aux morts, la trompette appelle à la gravité, nourrie par un tempo lent et un geste large. La chair des cordes de l’Orchestre symphonique de Bamberg confère un certain romantisme à l’Adagietto, seul le final, gracieux, reste en deçà des attentes.
La Cinquième de Riccardo Chailly divise : la Marche funèbre cherche-t-elle à épater, ou est-elle au contraire la plus sombre de la sélection ? Sa douleur contenue est magnifiée par un Concertgebouw d’Amsterdam superlatif, sur les cordes duquel passe un brouillard, celui d’un regard embué face à un souvenir enfoui. Avec son timing imparable, l’Adagietto distille le poison et ménage d’habiles suspensions ; on pourra juger exagéré, ou bien se laisser submerger par l’émotion avant la jubilation du finale.
Nous sommes en concert à la Philharmonie de Berlin À nouveau, la phalange est somptueuse, et de la trompette froide de l’appel initial jusqu’au réconfort des cordes qui lui répondent, c’est tout l’esprit mahlérien qui est convoqué dans cette lecture ambivalente, pleine de bruits et de fureur, de tumulte et de paix, de sensualité et d’abattement. L’Adagietto, sur le fil du rasoir, est un chant d’écorché vif, terriblement humain. L’engagement, la progression, le rubato et l’exultation du final disent tout de la hauteur de vue de Simon Rattle, lors de son mémorable d’intronisation à Berlin.
Palmarès
N°1 : Version F
Orchestre philharmonique de Berlin, dir. Simon Rattle
Warner (2002)
N°2 : Version E
Concertgebouw d’Amsterdam, dir. Riccardo Chailly
Decca (1997)
N°3 : Version D
Orchestre symphonique de Bamberg, dir. Jonathan Nott
Tudor (2003)
N°4 : Version B
Orchestre du Minnesota, dir. Osmo Vänskä
Bis (2016)
N°5 : Version C
Orchestre symphonique de la Radiodiffusion bavaroise, dir. Mariss Jansons
BR Klassik (2016)
N°6 : Version A
Orchestre symphonique de Montréal, dir. Rafael Payare
Pentatone (2022)
À écouter : Mahler, 5ème symphonie
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Prochainement dans la Tribune :
- 22/12 : Le Messie de Haendel, avec Stéphanie-Marie Degand, Emmanuelle Giuliani et Piotr Kaminski
- 29/12 : La chauve-Souris de Strauss, avec Jean-Philippe Thiellay, Piotr Kaminski et Marion Guillemet
- 05/01 : Petrouchka de Stravinski, avec Elisabeth Platel, Yannick Millon, Emmanuelle Giuliani