Ah, Noël, la féérie, le sapin, les petits lutins à la con, à part la déception le 25 au matin pour les enfants de couples bobos qui réalisent que leurs parents n’ont mis sur la liste du Père Noël que des jouets en bois, alors qu’eux voulaient des jeux vidéo de baston, du shit et le calendrier de Clara Morgane, à Noël, tout est beau.
Mais ça, ce n’est pas la vie, ça, les enfants. La vie, elle est rude, elle est âpre, comme quand tu as révisé tout Barbara et qu’à N’oubliez pas les paroles en tant que candidat tu tombes sur Djadja. La vie, c’est la dèche des artistes ruinés par le streaming, Oldelaf en slip ce matin m’a supplié de lui mettre un billet dans l’élastique, il se trouve qu’il a un sacré coup de hanche, alors j’ai lâché 5 euros. Un petit cul et je me fais avoir, j’en peux plus de ce schéma qui se répète.
Et récemment, Lily Allen, chanteuse britannique, disait qu’elle vendait des photos de ses pieds pour payer son loyer, sur OnlyFans, un site spécialisé où on fait ça, attention, il faut avoir de beaux pieds, parce que la communauté fétichiste est très exigeante. Certains avant ont vu 900 autres pieds, ont séquestré des podologues pour prendre leur place, on se retrouve à leur dire « Ça va, docteur, vous bavez ? », au moment où on retire la chaussette droite.
Et hier, j’étais sur internet, sur ce que j’avais pris pour le site officiel du film Les Boules de Noël. J’ai vite réalisé, en voyant un couple nu avec des bois de rennes s’en prendre sexuellement à la cheminée d’un gîte avec trop de poutres, que je n’étais pas sur le bon site.
Quand je suis tombé sur un article concernant Kate Nash, autre chanteuse anglaise, elle a fait Taratata en 2007 et 2010, vous étiez déjà âgé, Nagui. Et Kate Nash révèle que pour financer sa tournée, elle vend des photos de ses fesses, également sur OnlyFans. Ça m’a intrigué, j’ai donc lâché mon exemplaire de Guerre et Paix de Tolstoï en version russe et me suis connecté à OnlyFans, qui est devenu un repaire d’artistes.
Nom : j’écris Pastureau, prénom : Tanguy, sexe : je mets évidemment, je suis fait comme tout le monde. J’accède. J’essaie, je tape Bruno Peki, le site me répond que les mineurs ne sont pas autorisés à vendre des photos de leur corps. Je me dis « Les humoristes aujourd’hui font du cash, restons sur les chanteurs qui eux sont pauvres », je tape I Muvrini. Incroyable, ils ont une page intitulée « Les chauds mouflons », ils vendent des photos en gros plan de leur glotte. Moi, les voix puissantes, ça me dégoûte. Mes chanteurs préférés, c’est Daho, Biolay et Miossec. C’est vrai, en plus, j’aime quand ça murmure et que ça feule. Céline Dion sur la Tour Eiffel, si j’avais été à côté, au 2ème couplet je me jetais dans le vide en criant « Tant pis, j’attends pas 2026 qu’on soit libérés d’Anne Hidalgo. »
Je continue ma visite, l’algorithme a repéré que j’aimais la musique. Il me propose le compte OnlyFans de Michel Sardou, je clique. 150 euros la photo, il est de droite, il aime l’argent. Je rencontre peu de profils comme ça à France Inter, à part Daniel Morin et les gens de la direction. Je lâche 150 balles, immédiatement les yeux me brûlent : une cascade de poils s’affiche, Sardou, en parfait adepte du « c’était mieux avant », a mis des photos de lui non-épilé, il a le oui-oui comme en 1975. Je vomis, tandis qu’OnlyFans me renvoie sur la page de Laurent Voulzy. J’achète, en photo, il est nu, le sexe caché par la tête d’Alain Souchon, qui malheureusement n’a plus guère de cheveux.
Je zappe. Patrick Bruel, 54000 photos différentes sont recensées. Je n’ai pas le temps, next, Julien Doré. Pour financer l’achat de shampoings démêlants, écrit le chanteur, je suis contraint de vendre des photos d’un truc sur moi finissant par cule, hmm, aahh. J’achète, je me fais avoir, ce sont des photos de ses follicules, prises par Franck Provost un jour de dilatation capillaire au monoï.
Je tombe sur le compte OnlyFans d’Adamo, l’artiste, pudique, discret, n’a pas compris le concept. Il offre des photos de son téton droit, mais qu’on ne voit pas puisqu’il porte un sous-pull en tergal. Next, OnlyFans affiche la page de Charlotte Gainsbourg, qu’on voit en photo livide avec un sac Hermès. Je me dis « Purée, elle est morte pendant qu’elle était aux Galeries Lafayette et tout le monde s’en fout », j’appelle la police.
Pendant ce temps, alors que la musique d’attente du 17 se fait entendre, la chanson « Viens boire un p’tit coup à la maison » de Licence IV, par curiosité, je tape « Daniel Morin ». Il n’est pas chanteur, mais il a chanté, une fois, dans le bureau, ou alors il a crié, on n’a jamais su si c’était un AVC ou du métal. Daniel Morin, rien. L’algorithme d’OnlyFans me renvoie sur l’une de ses contemporaines, Jacqueline Boyer, n°1 des ventes en 1960. Je passe, j’ai une aversion totale pour toutes les personnes n’étant pas nées le 26 janvier 1974, ce qui fait que je m’aime moi.
Et là, je ne sais pas ce qui se passe. Le fait de consulter plein de comptes me bascule vers la version premium d’OnlyFans, celles où même les gens riches ont une page, mais juste par pure perversion. Nagui, Didier Deschamps, Christian Louboutin apparaissent. Pire, sur la même photo dans les vestiaires du Stade de France, photo prise, est-il écrit, par Jordan Bardella. Je ne sais pas si c’est la sensation d’interdit qui se dégage de ce cliché subversif, mais j’ai chaud.
L’algorithme me précipite vers la page de Leïla Kaddour-Boudadi, la star de l’info. J’achète une photo, déception, en fait, on la voit à la bibliothèque nationale de France en train de lire un manuscrit original de Jean Giono. Dans les commentaires sur la page, François Busnel a mis 3 émojis marque-pages et un aubergine, signe que chez les littéraires on a aussi ses petites déviances. Je zappe, Gérard Larcher s’affiche sur mon écran, dans la cave du Sénat, il dévore un porc vivant. Je signale à la Fondation Bardot.
La suite à écouter et à découvrir en vidéo…
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