Cordes sensibles
V. Josse : Vous avez intitulé l’album X car c’est le dixième disque de Calogero. Sur ce titre, c’est vous qui jouez de la contrebasse ?
Calogero : Oui, chez moi elle trône carrément dans la cuisine. J’aime jouer le soir. Mon chat arrive illico! C’est un instrument que j’aime depuis toujours.
V. Josse : Vous avez aussi une quantité incroyable de guitares.
Calogero : Oui, j’ai en tout une cinquantaine de guitares et basse mais exclusivement pour gaucher, un cambrioleur serait bien embêté !
La scène
Calogero : Je respire mieux, je vis mieux sur scène, j’ai l’impression d’être d’avantage moi-même, je me pose moins de questions et j’ai moins de complexes.
Vincent Josse: Johnny, timide dans la vie, disait que la scène délivre.
Calogero : Oui, Johnny m’a adoubé. Nous n’étions pas amis, mais on s’aimait bien. Nous parlions de la vie et de musique. On disait de lui qu’il fallait avant tout le voir sur scène, cela me plait qu’on dise la même chose de moi.
Souvenirs d’enfance
Calogero : J’étais un élève en échec mais je le cherchais un peu. J’ai grandi dans un quartier populaire. On se battait à coups de poings, il n’y avait pas d’armes, à l’époque. Je n’étais pas bagarreur, j’avais des frères et des cousins qui se chargeaient de ça. J’étais solide mais frêle, je ne m’aventurais pas sur ce terrain.
V. Josse : Dans la chanson Un jour au mauvais endroit signée Marie Bastide, vous dénoncez d’ailleurs un lynchage inspiré d’un fait divers récent.
Engagement artistique
V. Josse : Estimez-vous qu’un chanteur ne doit pas hésiter à intervenir dans la société avec son art ? Vous évoquiez Tian’anmen dans un précédent album, dans le dernier, Carla Bruni signe un beau texte sur le destin d’une prostituée prénommée Louise, vous évoquez également le sort d’un migrant dans Prends ma main…
Calogero : Oui, je n’hésite pas. Ce côté sociétal me tient à cœur, cela résonne chez les gens. Je ne veux pas me cantonner aux chansons d’amours, je risquerais de tourner en rond. En revanche je ne me politise jamais, je trouve que ce n’est pas mon rôle. Je viens d’un milieu ouvrier, j’ai fait plein de petits boulots par le passé, aujourd’hui, j’ai une vie assez protégée et je serais mal placé pour donner des consignes de vote.
Une bonne chanson , c’est une chanson que l’on peut fredonner. La mélodie fait partie des choses les plus importantes.
Musique et auteurs
V. Josse: Vous composez les musiques et pour les paroles, vous faites la plus part du temps appel à des auteurs. Parmi eux, il y a eu Françoise Hardy, Dominique A, Zazie, Paul Ecole, Alana Filippi, Marie Bastide…
Calogero : Je sais ce que je veux dire mais je suis assez lent, alors le plus souvent je me contente de trouver le titre, en plus de donner le ton avec la musique.
Dominique A
C’est un peu notre nouveau Thiéfaine! Toutes les chansons que l’on a faites ensemble font partie de mes préférées. On s’accorde bien. J’aime profondément cet homme. Il a un côté sombre musicalement, mais c’est un homme très gai dans la vie.
La ballade [!–> Ascolta più tardi
[!–> Ascoltare 54 min
William Sheller
On a chanté ensemble. J’ai repris plusieurs de ses titres. Il m’a beaucoup appris, par sa pudeur et l’aspect sophistiqué de ses chansons.
MEDLEY
Balade dans l’univers de Calogero
6 min
L’Absence
V. Josse: L’absence, c’est un thème qui revient souvent dans vos chansons.
Calogero : J’ai grandi sans mes grands-pères. Mes deux grand-mères siciliennes vêtues de noir portaient leur deuil. Alors, j’ai beaucoup fantasmé ces absents, j’aime leur parler.
Tendresse familiale
V. Josse: Dans la chanson Le stylo vert, vous évoquez avec beaucoup de tendresse un père peintre en bâtiment analphabète, « Stylo rouge ou stylo vert, il prenait un air sévère faisant mine de corriger leurs devoirs sur la petite table en fer… »
Calogero : Mon père a vite appris à lire et écrire le français. J’ai eu un père très présent. Mais la chanson est aussi un lieu où on peut s’inventer des vies. Je parle souvent de mes parents car ils ont cru en leurs enfants. Ils avaient peu de moyens mais faisaient tout pour nous aider.
Part féminine
J’aime les chanteurs qui ont des voix androgynes. Cela me trouble, ce mélange est très attrayant. Je suis hétérosexuel et j’ai toujours assumé ma part féminine.
La suite à écouter.
La playlist de Calogero
CALOGERO X 2024
DOMINIQUE A L’humanité 2024
MICHEL BERGER La groupie du pianiste 1980
MALIK DJOUDI Viens on prend le temps 2024
LESCOP Exotica 2024
LEONIE PERNET Réparer le monde 2024
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