Michel Barnier l’a rappelé mardi 26 novembre au journal de 20 heures de TF1, notre dette atteint 3 228 milliards d’euros. Pour la financer sur les marchés, la France emprunte à des taux d’intérêt de plus en plus élevés, bien supérieurs à ceux de l’Allemagne. L’écart entre les deux pays n’a jamais été aussi élevé depuis 2012, lors de la crise de la zone euro. Pour un emprunt à 10 ans, les taux d’intérêt français s’élèvent à 3,05 %, contre 2,21 % pour nos voisins allemands.
Comme l’a souligné Michel Barnier, cet écart, appelé “spread”, est un signal d’alerte. Il reflète la confiance — ou plutôt la défiance — que les investisseurs, notamment chinois et américains, ont envers notre économie. Malgré la récession et ses soubresauts politiques, l’Allemagne reste perçue comme une valeur refuge, la France, aujourd’hui, emprunte plus cher que l’Espagne, la Grèce, le Portugal ou encore l’Italie.
Une économie jugée fragile
Pour les marchés, l’économie française apparaît fragile. Jusqu’à la dissolution de l’Assemblée nationale, ils nous prêtaient sans trop de risques. Le pays était perçu comme dépensier mais politiquement stable, capable de mener des réformes et de rembourser ses emprunts. Aujourd’hui, la donne a changé. La crainte de voir le budget rejeté et le gouvernement en sursis inquiète les investisseurs. Résultat : lorsqu’ils prêtent désormais à la France, ils demandent des primes de risque élevées.
Pourtant, Bruxelles soutient officiellement notre trajectoire budgétaire. La Commission européenne s’est prononcée mardi sur les budgets des États membres, saluant la volonté française de rétablir ses comptes. Mais que valent ces encouragements lorsque notre déficit public atteint 6,2 % du PIB ? La France enregistre la pire performance des 27 États membres, à l’exception de la Roumanie. L’Hexagone reste sous le coup d’une procédure pour déficit excessif auprès de la Commission européenne.
Aujourd’hui, la France est le mauvais élève de l’Europe. Michel Barnier ne dramatise pas le situation, car la dégradation pourrait encore s’aggraver. Vendredi prochain, l’agence de notation Standard & Poor’s rendra son verdict. Dans le contexte actuel, elle pourrait assortir notre dette d’une perspective négative, ce qui ferait encore grimper les taux d’intérêt. Avec une dette dépassant les 110 % du PIB, la charge des intérêts pourrait très vite devenir notre premier poste de dépense, dépassant l’éducation ou la défense. Une France surendettée risque alors de perdre en souveraineté.
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