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“Samuel” – dalla malinconia infantile

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Samuel, qui a eu droit à une diffusion en direct à la télévision récemment, est un énorme succès pour Arte, la série a été reprise un peu partout sur les réseaux sociaux et notamment Tik Tok ces derniers mois et elle fait l’objet depuis quelques jours d’une exposition dans l’espace réservé aux adolescents du Centre Pompidou à Paris. Samuel c’est une vingtaine de petits épisodes d’une poignée de minutes chacun, qui racontent le quotidien d’un garçon d’une dizaine d’années dans la des années 2000. La série est signée Émilie Tronche, et comme ça elle n’a l’air de pas grande chose : c’est court, un trait de stylo noir animé sur un fond toujours blanc, mais elle réussit à attraper quelque chose de l’enfance avec une finesse assez confondante – regardez le premier épisode, vous allez tomber dedans, et possiblement vos enfants avec.

Samuel est en CM2 dans ce qu’on devine être une petite ville de la banlieue parisienne. Basile, un ami de sa classe, a dit à la Grande Julie que Samuel était amoureux d’elle, mais en fait lui il s’en fout de Julie, d’ailleurs il s’en fout un peu de tout, la vie c’est bof, comme il le raconte quotidiennement dans son journal intime. Enfin, peut-être pas tant que ça. En vrai, Samuel aime Julie, et sa vie n’est pas du tout bof, c’est plutôt le contraire – il est, à cette orée de l’adolescence, traversée par des tas de questions, de problèmes, et d’émotions contrastées, qui parfois le rendent euphorique, parfois fou de rage, souvent mélancolique.

C’est cette émotion-là qui prime dans la petite série, la mélancolie, une émotion pas évidente et qu’on attribue moins souvent aux enfants qu’aux adultes, alors qu’en la voyant comme ça dépeinte dans des petites scènes du quotidien, elle résonne fortement en nous. C’est une œuvre qui travaille en toutes petites choses la grande complexité de l’enfance : le rapport aux amis, ceux qu’on aime de manière évidente, mais aussi ceux qu’on a décidé de ne pas aimer alors que dans le fond on s’entend avec eux, comme ce personnage nommé Bérénice, qui est un peu étrange – ça ne marche pas exactement dans sa tête comme dans celle des autres – et qui est un des meilleurs de la série, à la fois drôle et malaisant. C’est aussi le rapport aux plus grands, à l’amour et la sexualité qui sont tout proches mais pas encore vraiment là dans le corps et la tête : toute la série est portée par cette tension.

Intimité

On pense un peu à l’œuvre de Riad Sattouf et notamment à ses Cahiers d’Esther, à sa capacité à saisir le collège, les émotions adolescentes en passant par l’introspection – dans le cas de Samuel ça passe par l’écriture du journal intime, qui ouvre chacun des épisodes. Mais dans la série d’Émilie Tronche, l’écart entre l’économie formelle et la profondeur de ce qui se raconte est encore plus impressionnant, parce que ça paraît être fait avec trois fois rien : un œil rond qui cligne, une mèche au vent, un petit pas de danse, un plan alterné entre Samuel qui hésite à poster une lettre à la Grande Julie, vu depuis l’intérieur de la boîte aux lettres, et lui nageant – va-t-il se jeter à l’eau. Émilie Tronche a tout fait toute seule, dessinant la série en marge de ses études dans une grande école d’animation où elle travaillait alors à des projets bien plus sophistiqués formellement.

C’est aussi elle qui interprète la voix de Samuel et de tous les autres personnages, sans doute la réussite la plus éclatante de la série: une voix de jeune ado, qui mange un peu ses mots si bien qu’il faut parfois se pencher pour entendre, ou lire le texte qui s’affiche sur l’écran comme dans une bande dessinée : une voix un peu blasée, mais au débit ultra rapide, à laquelle on adhère dès la première seconde, comme à un petit air de musique qui charrie tellement avec lui.

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